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Cultivons notre jardin

Mes petits-enfants adorent les carottes, surtout si elles sont fraîches et viennent de notre potager. Ils savent reconnaître leurs fanes et cueillir celles qui sont mûres. Une fois la carotte fraîche entre leurs mains, ils courent la laver à la fontaine et la croquent à pleines dents. Aujourd’hui, ces expériences sont réservées à une partie des enfants. Certains n’ont pas le privilège d’avoir un jardin, un potager ou une jardinière sur leur balcon.

Malgré tout, nous pouvons faire en sorte que les enfants (et nous avec eux !) aient conscience de la valeur des aliments et des ressources, en nous sensibilisant encore et toujours à ce sujet. D’où vient ce que je mange, porte, utilise ? Qui l’a produit, transporté, transformé ? L’ai-je payé au juste prix ? Ses productrices et producteurs ont-ils reçu un salaire équitable en échange ?  Sais-je apprécier ce que je possède et cela me suffit-il, ou est-ce que j’en veux toujours plus ?

D’après moi, il nous faut aussi regarder en face le côté sombre de notre société et être honnêtes avec nous-mêmes.  Admettre que nous allons bien, aux dépens d’autres personnes qui, elles, ont des conditions de vie plus pénibles. Admettre que des enfants n’ont accès ni à la nourriture, ni à l’éducation, ni aux soins médicaux. Reconnaître que nous vivons dans l’abondance alors qu’ailleurs, des enfants meurent de faim. En tant que société, nous sommes capables de rejoindre les régions les plus reculées de notre planète, d’établir sans cesse de nouveaux records et de partager en un clic avec le monde entier nos  expériences, même les plus insignifiantes. Mais de toute évidence, nous sommes incapables de faire en sorte que chaque enfant sur Terre mange à sa faim et mène une existence digne. C’est un constat d’échec pour nous, qui pensons toujours avoir une solution à tout. Pour nous qui en voulons toujours plus, qui accumulons.

Ce n’est pas un sujet joyeux, je vous l’accorde. Mais puisque nous abordons le thème de l’alimentation, nous nous devons de parler aussi de faim et d’injustice. Alors, il nous faut « cultiver notre jardin », comme l’écrivait Voltaire dans Candide. Agir pour faire progresser la société, en faveur de celles et ceux qui n’ont rien dans leur assiette et à qui la vie ne fait pas de cadeaux.
Mais qu’est-ce qui est à la source de la faim dans le monde ? Sont-ce les guerres, les catastrophes climatiques, les États vulnérables et les responsables corrompus, ou bien l’excès, l’avidité et la superficialité ?

Dans tous les cas, nous pouvons agir. Admettre que notre société se porte mieux que celle dans laquelle vivaient nos grands-parents, mais que nombre de personnes ne vivent pas dans de bonnes conditions. Il nous faut nous engager pour qu’une nouvelle prise de conscience émerge parmi nous et les générations futures.

Cela me met du baume au cœur de savoir que des enfants, des jeunes et des moins jeunes réfléchissent aux problématiques liées à l’alimentation, aux ressources et au climat. Sans oublier la solidarité. Prenons exemple sur eux !

Christine Häsler

Christine Häsler
Directrice de l’instruction publique et de la culture
christine.haesler@be.ch

Photo : Pia Neuenschwander

 

EDUCATION 4.23

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