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Offre spécialisée de l’école obligatoire : En visite à la tourmaline

La Tourmaline est une institution pédagogique de la Fondation la Pimpinière, qui est spécialisée à Tavannes dans la prise en charge de personnes handicapées. Nous avons rendu visite à cet établissement hautement spécialisé destiné à accueillir les jeunes de la région présentant des troubles du spectre autistique.

« Allez Léo, nous allons dessiner un serpent. C’est moi qui commence, puis je te montre.» Enseignante spécialisée, Carine Dubois oriente en douceur Léonard, un élève de 21 ans, vers un coloriage qui n’a rien d’évident pour le jeune homme. Nous sommes dans la sphère de la Tourmaline, à Sonceboz, une structure pédagogique de la Fondation la Pimpinière, spécialisée à Tavannes dans la prise en charge de personnes en situation de handicap.

Qualifiée d’école hautement spécialisée, la Tourmaline est en fait un lieu de résidence pour des jeunes de la région atteints d’autisme sévère, où une offre pédagogique adaptée leur est dispensée au quotidien depuis bientôt trois ans. En tant que projet pilote d’une future «Maison de l’autisme», elle s’inscrit à ce jour en site unique dans la partie francophone du canton de Berne. Au sein d’un bâtiment provisoire, seules quatre places y sont toutefois pour l’heure disponibles. «Nous accueillons des enfants qui ont été déscolarisés car les écoles spécialisées des alentours n’étaient plus en mesure de les prendre en charge», précise Cédric Mafille, directeur adjoint de la Pimpinière. « C’était devenu pour elles une mission ingérable. »

Il existe en effet de multiples paliers à l’échelle du spectre autistique, et très clairement un paradoxe entre le plus bas et le plus élevé. À Sonceboz, Abdelhedi, Lou, Jason et Léonard, âgés entre 13 et 21 ans, affichent des difficultés majeures à communiquer, auxquelles s’ajoutent une importante déficience intellectuelle ainsi que différents troubles du comportement. En dehors de Léonard, aucun de ces jeunes n’est apte à s’exprimer. Lou, quant à lui, craint la lumière du jour et la proximité. Jason, de son côté, entretient un rapport problématique avec la nourriture.

Trois référents pour chaque enfant

Entre les équipes éducative et scolaire et les services de veille et d’intendance, 26 professionnels se relaient pour encadrer les quatre pensionnaires. Comme le laisse entendre Danila Sauvain, cheffe de secteur en matière d’enseignement, la prise en charge de chaque élève est totalement individuelle. «Il y a en tout trois référents autour d’un enfant. L’un pour la classe et deux autres pour l’internat.» Sur le plan thérapeutique, des intervenantes et intervenants expérimentés collaborent également avec l’institution, qui accueille régulièrement une ergothérapeute, une psychomotricienne et un pédopsychiatre, tenu d’endosser sur place la fonction de médecin responsable. En vue de soutenir au mieux les dysfonctionnements langagiers, le renfort d’une ou d’un logopédiste serait le bienvenu. Ce qui s’avère «très compliqué», selon Danila Sauvain. « Il y a un peu une pénurie de logopédistes en ce moment, qui sont de plus rarement d’accord de travailler avec des enfants non verbaux souffrant de troubles du comportement. »

Au niveau de l’apprentissage et des activités extrascolaires, le programme suit chaque jour un cursus défini, entre 9h et 12h, puis de 14h à 16h. Ce programme se démarque nettement du Plan d’études romand (PER). «Nous sommes obligés de le suivre, mais en l’adaptant à chaque enfant et en individualisant au maximum les objectifs», nuance Danila Sauvain. «Comme nous ne pouvons pas faire avec eux des maths et du calcul, par exemple, nous travaillons beaucoup sur ce que nous appelons les compétences transversales, dont tous les prérequis de la communication, la motricité fine et tout ce qui peut favoriser leur autonomie et leur développement personnel.»

Anticiper et persévérer

Pour une question de routine et de repères, chaque activité exige un espace bien spécifique, où la ou le pédagogue et son élève persévèrent en binôme au moyen d’outils appropriés. «Il y a ici un grand besoin de répétition et on peut travailler pendant plusieurs mois le même thème jusqu’à ce que le déclic se produise. Il nous arrive parfois aussi de faire face à l’échec, du fait qu’il y a des notions que ces enfants ne comprendront peutêtre jamais. Si l’on ne cible pas la manière de leur apprendre qui convient, l’assimilation ne se fera pas.» Comme l’explique Mégane Boldini, cheffe de secteur côté internat, c’est en s’appropriant leur monde qu’il est possible d’avancer pas à pas. «Comme la plupart sont des enfants non verbaux, on a un peu tendance à leur parler vite en leur donnant beaucoup d’informations d’un coup, ce qui ne fonctionne pas ! Il nous faut faire des phrases très courtes avec des mots très simples, tout en observant un temps de latence entre nos explications et leur compréhension. Dans notre mode de communication de professionnels, notre plus grand défi consiste à savoir rester très simples.»
Pour le personnel de la Tourmaline, dont le taux d’activité n’excède pas les 80 %, la patience et l’anticipation sont chaque jour des maîtres-mots. En qualité de coresponsable, Danila Sauvain met aussi en exergue la motivation. « Il s’agit quand même d’un travail difficile, autour duquel la progression n’est pas flagrante. Tout en espérant une évolution, il vaut mieux pour nous ne pas mettre la barre trop haut. »

Zusammenfassung: Die Einrichtung Tourmaline im Berner Jura betreut Menschen mit Autismus

La Tourmaline ist eine pädagogische Einrichtung der Fondation la Pimpinière, die in Tavannes auf die Betreuung von Menschen mit Handicap spezialisiert ist. Die hochspezialisierte Schule ist ein Wohnort für Jugendliche aus der Region mit AutismusSpektrum-Störungen. Als Pilotprojekt für ein zukünftiges «Haus für Autismus» ist sie bislang der einzige Standort im französischsprachigen Teil des Kantons Bern. Derzeit stehen lediglich vier Plätze zur Verfügung.
Total 26 Fachleute aus Erziehungs- und Schulteams sowie aus den Hauswirtschaftsdiensten kümmern sich abwechselnd um die Bewohnerinnen und Bewohner. Auf therapeutischer Ebene arbeiten regelmässig eine Ergotherapeutin, eine Psychomotorikerin und ein Kinderpsychiater mit. Letzterer übernimmt vor Ort die Funktion des verantwortlichen Hausarztes.
Der Tagesablauf besteht aus einem festgelegten Lehr- und Aktivitätsprogramm. Es geht darum, Routinen zu bilden und in kleinen Schritten voranzukommen. Für die Mitarbeitenden von La Tourmaline sind deshalb Geduld, Antizipation und tägliche Motivation wichtig.
 

Salomé di Nuccio

Photos: Sam Bosshard

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