Nos missions d’inspectrices et inspecteurs scolaires sont vraiment très variées. Elles rappellent un peu celles de l’institutrice ou l’instituteur de l’école primaire, qui doit dispenser aux élèves toutes les disciplines.
Dans le canton de Berne, où l’offre scolaire est conjointement assumée par l’État et les communes, l’inspection scolaire est en fait à l’intersection des niveaux cantonal et communal. En effet, nos premiers interlocuteurs sont les directions d’écoles, les commissions scolaires et parfois aussi les conseils municipaux, mais nous sommes également interpellés par les parents et les enseignantes et enseignants. Mon rôle est de représenter le canton et sa législation, d’être une autorité de surveillance et de recours, mais surtout une source de conseils et d’informations. Nous en prodiguons effectivement beaucoup au quotidien et essayons de défaire les nœuds lorsqu’il y en a, de faire en sorte que les choses ne dégénèrent pas. D’une manière indirecte, nous faisons aussi beaucoup de médiation. La partie francophone du canton de Berne étant divisée en deux arrondissements, le 17e et le 18e, j’ai la responsabilité du second, qui englobe la vallée de Tavannes, le haut du vallon de Saint-Imier et l’École cantonale de langue française (ECLF) de la ville de Berne.

Dans ce métier de contacts, de relations et d’échanges, c’est le rapport humain que j’aime par-dessus tout: il peut prendre toutes les formes possibles et imaginables lorsqu’on a de l’intérêt pour l’autre. Si une personne suscite en nous une émotion, qu’elle soit positive ou négative, cela signifie qu’elle nous touche. Si quelqu’un vous énerve, c’est qu’il ne vous est pas indifférent.
En regardant le profil actuel des inspectrices et inspecteurs scolaires, on réalise que la plupart d’entre eux sont issus de l’enseignement et ont aussi fait un passage dans une direction d’école. Pour ma part, la vocation d’enseigner m’est apparue assez tôt.
Entre l’âge de 12 et 19 ans, j’ai fait partie du mouvement scout. L’une des principales valeurs est que les grands s’occupent des petits. C’est donc en coachant les plus jeunes, en les accompagnant et en organisant des activités pour eux qu’a germé en moi l’idée d’exercer le métier d’enseignant.
Lorsque j’ai terminé mes études à l’École normale, le marché du travail n’était pas très favorable pour les enseignantes et enseignants. J’ai effectué tout d’abord beaucoup de remplacements à Bienne, puis j’ai été nommé deux ans au collège primaire de Courtelary. Après une année d’études en psychologie à l’Université de Fribourg, j’ai finalement trouvé un poste à l’école primaire de Sonceboz. J’y suis resté une vingtaine d’années.
En reprenant la vice-direction, j’ai commencé à voir le monde de l’enseignement d’un autre point de vue. Ce, d’autant plus que j’ai également occupé la fonction de conseiller municipal au village pendant six ans. Cette fonction m’a aussi ouvert des perspectives dépassant la salle de classe et m’a fait considérer l’école dans un environnement plus large. Un poste d’inspecteur scolaire s’est alors libéré. Il a été mis au concours et j’ai postulé. J’ai commencé le 1er août 2011. Au niveau pédagogique, le bagage d’enseignant est vraiment utile pour bien cerner la réalité de ce métier et d’une classe. Même si une évolution énorme s’est opérée en peu de temps. Chez certains élèves, on observe notamment une fragilité que l’on ressentait moins auparavant. Des troubles apparentés à la santé mentale, par exemple, ainsi que toutes ces questions liées au harcèlement, qui aboutit fréquemment à la phobie scolaire et à l’absentéisme. L’école est une caisse de résonance de la société. Tout ce qui dysfonctionne à l’échelle sociale se retrouve symptomatiquement dans le cercle scolaire. Il y aura malheureusement toujours un lien… Il arrive aussi que des enfants soient atteints d’une maladie, pris dans une lutte. Ces élèves-là ont droit à l’instruction, et il nous faut dès lors aider leur école à les accompagner.
Depuis la révision de la loi sur l’école obligatoire, entrée en vigueur en 2022, nous vivons une période intéressante, car les écoles qu’on qualifiait de spécialisées ne sont plus chapeautées par la Direction de la santé, des affaires sociales et de l’intégration du canton de Berne. Étant donné qu’elles ont intégré la Direction de l’instruction publique et de la culture, nous sommes maintenant aussi les inspectrices et inspecteurs de ces institutions-là. C’est très enrichissant parce que nous découvrons, accompagnons et conseillons un monde nouveau. C’est un changement symbolique important à mes yeux parce que nous considérons avant tout ces enfants comme n’importe quels élèves, et non comme des élèves ayant des problèmes.
Serge Büttiker (57)
a grandi à Bienne au sein d’une famille active dans l’industrie horlogère. Papa d’un étudiant de 18 ans, il vit à Sonceboz depuis une trentaine d’années. Fervent lecteur et cinéphile, il apprécie également beaucoup les voyages et les balades
au fil de l’eau.
Salomé Di Nuccio
EDUCATION 4.25