En ce qui concerne la mise en œuvre du projet d’évolution de la maturité gymnasiale, nous sommes en ce moment dans la phase des premières versions du plan d’études en quatre ans, qui seront sous toit en décembre pour les disciplines fondamentales. En tant que seule rectrice francophone du canton de Berne, j’ai formé des groupes de rédaction pour chaque discipline, et nous avons travaillé très étroitement avec nos collègues alémaniques pour que nos plans d’études respectifs soient les plus proches possibles.

Cela permettra de favoriser, à l’avenir, les échanges entre gymnases au sein du canton. Le processus se déroule sur deux ans jusqu’en juillet 2026, mais j’y travaille déjà depuis plusieurs années dans le cadre de la Conférence des directrices et directeurs de gymnases de Suisse. Car avant que chaque canton fasse sa propre mise en œuvre, j’avais déjà été sollicitée en tant que rectrice francophone pour ce qui se faisait au niveau national. C’est vraiment un très grand et important mouvement participatif. Nous sommes en train de mettre sous toit le gymnase de demain.
À la suite de ma formation pédagogique, je me sentais trop jeune pour directement passer de l’université à l’enseignement. J’ai alors d’abord travaillé pendant onze ans comme journaliste pour le mensuel La Vie protestante. J’étais correspondante pour la région francophone du canton de Berne. Le hasard a voulu qu’en 1998 on me demande de faire un remplacement pour un semestre au Gymnase français de Bienne, devenu aujourd’hui le Gymnase de Bienne et du Jura bernois. Un collègue avait un congé de formation et ne trouvait pas de remplaçant pour donner les cours d’histoire. C’était une matière que j’adorais, et pour laquelle un de mes profs au gymnase avait joué un rôle décisif pour que je m’y passionne de plus en plus. En même temps, c’était une occasion idéale de voir si enseigner me convenait ou pas. J’y ai pris goût, et par chance, le recteur de l’époque a pu m’offrir quelques heures pour l’année suivante. En 2005, des postes ont été mis au concours et j’ai été engagée comme vice-rectrice. Onze ans plus tard, avec mon collègue Pierre-Etienne Zürcher, nous avons inauguré le partage d’un poste de direction. Le premier du genre au niveau des gymnases du canton de Berne. J’ai ensuite fait cavalier seul pendant quatre ans, entre 2021 et 2025.
Notre métier est très exigeant, mais passionnant, car on repart vers une nouvelle aventure avec chaque volée. Durant le parcours gymnasial, la métamorphose est vraiment très importante pour les élèves. Nous les accompagnons dans cette transition, et ce sont quasiment de jeunes adultes lorsqu’ils quittent l’institution. Pour avoir suffisamment d’énergie, il faut selon moi avoir la passion de l’humain. Être autant passionné par ses élèves que par sa discipline.
À partir de 2014, la fusion des gymnases biennois a été une étape vraiment très conséquente à vivre et à mettre sur pied. Démanteler une école, c’est démanteler un monde et une culture. Il nous fallait faire le deuil d’une entité pour pouvoir en créer une nouvelle, en mettant beaucoup de soi et de doigté afin que chacun puisse peu à peu trouver sa place en s’enrichissant de l’autre. Trois ans plus tard, pouvoir renforcer la filière bilingue a aussi été pour moi une période-clé.
Lorsqu’on est à la tête d’un tel établissement, chaque jour est différent et propice à des rencontres merveilleuses. On est constamment en contact avec des gens passionnés et passionnants, ce qui est une richesse incroyable. Il y a aussi bien sûr des difficultés. Les adolescentes et adolescents vivent des moments compliqués et peuvent faire des bêtises. On apprend à les accompagner, puis à les découvrir, et j’ai beaucoup aimé m’occuper du dossier du suivi disciplinaire, qui prédispose à entretenir des relations privilégiées avec les élèves. J’étais alors assez stricte et j’ai puni énormément d’élèves, mais en ayant toujours à cœur de leur donner des punitions enrichissantes. Je leur demandais de prendre un article du journal Le Temps, par exemple, puis de le contextualiser sans recourir à des moyens numériques. Toutes et tous repartaient ensuite en me tendant la main et en me remerciant.
Je voulais quitter mes fonctions avec le sourire. Sans faire l’année de trop, en étant reconnaissante de toutes ces années d’enseignement et de direction.
Christine Gagnebin (62)
vit à Tramelan avec son époux enseignant en informatique. Elle a deux filles adultes, dont l’une également enseignante, et un petit-fils de quatre ans et demi. Elle est passionnée de lecture et pratique le VTT.
Salomé Di Nuccio
EDUCATION 4.25