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Des écoles conviées à s'unir pour aider à déminer l'Ukraine

Pour bien assimiler les privilèges de la paix, il convient de comprendre au plus près les mécanismes des conflits. Ceux de la querelle de quartier, tout d’abord, puis ceux des affrontements armés et meurtriers, avec leurs conséquences sur des vies humaines, mais aussi dans les esprits et dans les sols, dangereusement contaminés par des mines et des déchets explosifs.

En rapport avec la guerre en Ukraine, un projet d’ampleur est en passe de sortir de terre dans le Jura bernois. L’impulsion vient de la Fondation Gobat pour la Paix, basée à Tramelan, et qui compte parmi les membres de son Conseil, Frédéric Guerne, directeur de la Fondation Digger, dévolue à Tavannes au déminage humanitaire, ainsi que le maire Hervé Gullotti, codirecteur du ceff Commerce à Tramelan depuis le mois d’août 2023.

« Le Conseil souhaitait lancer une action en faveur de l’Ukraine et ouvrir en même temps des portes à Digger, qui est en discussion depuis deux ans avec la Confédération pour déployer ses engins en Ukraine », explique l’élu tramelot. Sous l’égide d’un groupe de travail dont il fait lui-même partie, l’objectif consiste à mettre en place une grande récolte de fonds, en engageant, si possible, toutes les écoles primaires et secondaires de la partie francophone du canton de Berne. Soit potentiellement une quarantaine d’établissements au total. « Dans l’idéal, nous aimerions pouvoir lancer cette collecte au mois de décembre, de sorte à faire un lien avec les fêtes de Noël », espère Hervé Gullotti.

Le modèle autrichien

À l’heure du lancement de ce louable projet humanitaire, il n’est pas superflu de remonter à sa genèse. Il faut savoir qu’il y a une quinzaine d’années, plusieurs écoles autrichiennes s’étaient mobilisées en faveur de la Bosnie-Herzégovine. On rappellera qu’à cette époque, l’État de l’ex-Yougoslavie pansait encore ses plaies ouvertes par la Guerre des Balkans. « grâce à une participation de la Croix-Rouge autrichienne, les élèves avaient récolté suffisamment de fonds pour acquérir une machine de déminage de Digger apte à œuvrer en Bosnie », salue Hervé Gullotti, enclin alors à importer ce modèle d’entraide sous nos latitudes. Dans cette perspective, la Fondation Digger a accueilli, l’automne passé, la conseillère d’État Christine Häsler, directrice de l’instruction publique et de la culture du canton de Berne, pour lui exposer la pertinence du projet et obtenir un accord cantonal.

Soutien logistique

Le ceff Commerce détient a priori les ressources nécessaires pour apporter un soutien administratif, technique et logistique à une telle démarche. Il pourra compter sur ses 23 classes et plus de 300 élèves. « Au vu de l’intervention souhaitée, nous nous sommes rendu compte que cela entrait dans nos compétences », confirme le codirecteur, qui a dès lors reçu le feu vert de la part de sa direction générale. En vue de simplifier la tâche des établissements primaires et secondaires, il est question de créer un site Internet ainsi que des supports marketing, visuels et rédactionnels pour les réseaux sociaux et autres canaux d’information. Reste à séduire un maximum d’enseignantes et d’enseignants. « Certains se sont déjà déclarés intéressés », se réjouit l’intermédiaire. « Chaque école impliquée désignera alors un responsable médias, qui nous fournira du contenu à diffuser sur le site. »

En ce qui concerne la façon de lever des fonds durant la période de l’avent, les membres du corps enseignant et leurs élèves auront pleinement carte blanche. À eux de faire appel à leur créativité afin d’imaginer toutes sortes d’actions ou activités. Il peut s’agir d’une simple vente de pâtisseries lors d’un marché local, tout comme d’une proposition de parrainage ou d’une course pédestre sponsorisée.

Cerner une complexité géopolitique

Pour les enfants, adolescentes et adolescents concernés, ce processus solidaire incite à développer des compétences. Il a le poids d’une leçon combinée d’histoire, de géographie et de sciences sociales, menant à mieux cerner les enjeux des litiges interétatiques. « Indépendamment de ce qu’ils peuvent entendre via les médias ou dans leurs familles, c’est l’ouverture à toute une panoplie de réflexions, dont la nécessité de réfléchir à la marche du monde, à sa complexité et aux relations entre êtres humains », appuie Hervé Gullotti. « Qu’est-ce qui a conduit la Russie à agresser son voisin ? Et pourquoi s’acharner à vouloir continuer cette guerre alors qu’elle a déjà provoqué des milliers de morts et qu’elle suscite dans le monde une certaine instabilité ? Il faut pouvoir expliquer cela aux élèves, car ce n’est pas seulement noir ou blanc. Il y a une complexité géopolitique là-derrière. »

À plus long terme, l’essence du projet pourrait s’exporter, en servant de modèle à d’autres régions romandes ou alémaniques. Une belle manière de cultiver la paix et de la promouvoir, en œuvrant encore davantage en sa faveur. « Tout un chacun peut y contribuer en rassemblant ses compétences et ses forces », conclut posément Hervé Gullotti.

La Fondation Digger : 26 ans au service du déminage humanitaire

Afin de se mobiliser de manière concrète en faveur de l’Ukraine, la Fondation Gobat pour la Paix vise à faire d’une pierre deux coups en soutenant une structure régionale active à l’échelle mondiale. Dans le vieil arsenal de Tavannes, depuis maintenant 26 ans, la Fondation Digger se consacre sans but lucratif à la construction de machines de déminage performantes. Grâce à quelque 4500 donatrices et donateurs réguliers, son usine est aujourd’hui un fournisseur unique au monde, à même d’employer une vingtaine de personnes. « De par notre statut, nous travaillons avec des organisations humanitaires. Nous les aidons à trouver des fonds pour acquérir une machine », éclaire le directeur Frédéric Guerne. En tant que fondateur de Digger, l’ingénieur en électronique s’était donné pour mission de soulager le déminage manuel. Une besogne dangereuse, ingrate et pénible pour l’humble main-d’œuvre qui s’y affaire dans plus d’une soixantaine de pays du monde. « Pour une solution robuste et résistante aux explosions, il s’est rapidement avéré, à l’époque, qu’il n’était pas possible de bricoler un truc avec ce qui existait sur le marché », se souvient Frédéric Guerne. « Il fallait tout fabriquer. » En donnant forme à un projet improbable, à la fin des années 90, le spécialiste en devenir s’est embarqué pour une aventure humaine au long cours. « Nous étions à l’époque une trentaine de jeunes, qui travaillaient complètement bénévolement durant la nuit et les week-ends. »

Au travail dans 17 pays

Or, voilà maintenant plus de 20 ans que les engins de Digger servent au déminage mécanique de 17 pays du globe, dont la Bosnie-Herzégovine, le Tchad, le Cambodge ou même la France. À entendre le directeur, l’Ukraine serait actuellement l’un des pays au monde les plus minés. « Il y a effectivement des demandes gigantesques qui nous invitent à produire davantage ! »

Concernant l’actuel projet pour les écoles, Frédéric Guerne affirme que de tels élans le touchent. « Ils permettent de sensibiliser les enfants et de leur faire prendre des responsabilités. Cela d’autant plus qu’aujourd’hui, quasiment toutes les classes accueillent des réfugiés ukrainiens. » Lors des visites d’élèves chez Digger, il constate fréquemment un intérêt manifeste. De la part des plus petits, notamment. « Nos guides adorent ces moments, car les questions fusent », se félicite-t-il.

Humanitäres Projekt für die Minenräumung in der Ukraine

Im Zusammenhang mit dem Krieg in der Ukraine ist ein Projekt im Berner Jura im Entstehen begriffen. Der Anstoss dazu kam von der Stiftung Gobat pour la Paix mit Sitz in Tramelan, involviert sind auch das Ceff Commerce sowie die Stiftung Digger, die sich in Tavannes der humanitären Minenräumung widmet. Seit mehr als 20 Jahren werden die Maschinen von Digger zur mechanischen Minenräumung in 17 Ländern der Welt eingesetzt. Nun ist vorgesehen, dass hiesige Schulen gemeinsam zur Minenräumung in der Ukraine beitragen. Eine Spendenaktion, an der sich möglichst alle Grund- und Sekundarschulen im französischsprachigen Teil des Kantons Bern beteiligen, soll für die nötigen Mittel für das Humanitäre sorgen. Um ein solches Vorhaben administrativ, technisch und logistisch zu unterstützen, kann das Ceff Commerce auf seine 23 Klassen mit über 300 Schülern zurückgreifen. Um den Schulen die Arbeit zu erleichtern, sollen Beiträge für soziale Netzwerke und andere Kanäle erstellt werden. Bei der Art und Weise, wie Geld gesammelt wird, haben die Lehrerinnen und Lehrer freie Hand. Für die Kinder und Jugendlichen bildet die solidarische Aktion eine lehrreiche Lektion in Geschichte, Geografie und Sozialwissenschaften, die dazu beitragen soll, die Herausforderungen zwischenstaatlicher Konflikte besser zu verstehen.

Salomé di Nuccio

Illustration : büro z

 

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