À l’école secondaire de Tramelan, nous avons visité l’une des trois classes de 10H. La 10H de la voie prégymnasiale, très exactement, sous la responsabilité de Chantal Fueter, professeure de français, d’anglais et de latin. Six de ses 23 élèves nous racontent quelle est, selon eux, la meilleure méthode pour cultiver l’erreur, et dès lors, comment ils procèdent en nous livrant des exemples concrets.
« L’erreur comme le rire est humaine », « Il y a de l’or dans l’erreur », ou « La seule véritable erreur est celle dont on ne retire aucun enseignement ». Autant de sages citations de l’écrivain français Roland Topor, du musicien Matthieu Chedid et du compositeur britannique John Powell, soutenant qu’on peut beaucoup apprendre de ses erreurs, et qu’explorer leurs mécanismes aide à s’améliorer et à progresser. Au cours de la scolarité comme lors de toute formation, la culture de l’erreur est une pratique essentielle mais tout aussi personnelle.
Lino, 13 ans

« En travaillant sur ses erreurs, puis en les corrigeant, on se rend mieux compte de ce qu’il est juste de faire et de ne pas faire. Du coup, cela peut vraiment aider pour apprendre. Quand je me trompe lors des évaluations, j’essaie tout d’abord de comprendre par moi-même ce qui était faux et de corriger. Si ce n’est pas suffisant, je recours alors à l’aide des enseignantes et enseignants. Il m’arrive aussi de demander des conseils à mes parents.
Contrairement à l’orthographe, j’ai longtemps eu des problèmes avec la ponctuation. Je faisais souvent des fautes toutes bêtes, comme celles d’oublier des points, des virgules bien placées ou des majuscules. Ce n’était pas systématique, mais régulier. Je n’y pensais pas. Depuis que je m’efforce d’y prêter davantage d’attention durant mes relectures, je ne fais pratiquement plus ce genre de fautes. C’est même devenu progressivement naturel d’y penser. »
Holly, 14 ans

« Chaque erreur me stresse et m’interroge. J’essaie de me dire que ce n’est pas grave, et plutôt de comprendre ce que j’ai fait de faux et comment je pourrais m’améliorer pour ne plus la reproduire à l’avenir. Je n’hésite plus à demander de l’aide au besoin, notamment à ma tante qui propose du soutien scolaire dans les écoles. J’ai aussi pris conscience que les enseignantes et enseignants ne s’arrêtent pas seulement sur les notes. Ils regardent également la manière dont on travaille à l’école.
Étant donné que j’ai beaucoup de peine en anglais, en particulier à l’oral, je répète tout d’abord le vocabulaire à haute voix. Et comme j’écoute beaucoup de musique, j’en profite pour chanter sur des morceaux en anglais. »
Guillaume, 13 ans

« Depuis qu’un mot en allemand mal orthographié m’a privé d’une meilleure note, c’est devenu un automatisme après chaque évaluation : dès que je reproduis plusieurs fois de suite une même erreur, je vais considérer que c’est un point faible à travailler. S’il m’arrive de ne pas comprendre, je m’informe sans tarder auprès d’une enseignante ou d’un enseignant, ou encore auprès d’un camarade. Cela finit toujours par bien fonctionner.
En ce qui concerne les dictées en français, je fais maintenant plus attention à mettre des accents ou pas sur les A. J’applique maintenant toujours le fameux truc de remplacer le A par AVAIT, qui nous indique qu’il s’agit d’un verbe et non d’une préposition. Après deux ou trois épreuves, c’est aussi devenu un automatisme qui m’évite de me tromper. »
Micael, 14 ans

« Lorsqu’on reproduit souvent les mêmes erreurs, on doit oser faire appel aux gens de notre entourage qui sont meilleurs que nous. Afin de m’améliorer en français, je demande souvent des techniques à mon enseignante, car j’ai de la peine à comprendre le sens de certains thèmes ou de certaines questions. Ce qui m’empêche d’y réfléchir et d’y répondre correctement. J’obtiens rarement de très bonnes notes, mais du moment que je progresse et qu’elles sont suffisantes, j’en suis content. Je ne me fixe pas un objectif inatteignable.»
Nima, 13 ans

« Je pars du principe que l’erreur est humaine et qu’elle doit nous inciter à garder un bon mental, afin de persévérer et non de baisser les bras. Parmi les gens qui m’entourent, je regarde qui est meilleur que moi ou pourrait me donner de bons conseils. Vu que je commettais beaucoup d’erreurs en gymnastique, j’ai demandé de l’aide à des copains qui faisaient du sport. En saut en hauteur, par exemple, je me suis rendu compte que ma technique n’était pas efficace. Observer celle des autres m’a permis de progresser en apprenant de mes erreurs. J’ai compris que j’avais en fait une bonne base, mais que je m’y prenais mal par la suite. »
Anna, 15 ans

« Après avoir longtemps perçu l’erreur comme un échec, j’ai appris à couper le pont entre l’une et l’autre grâce à des enseignantes et enseignants très sympa qui avaient remarqué cette tendance. J’essaie maintenant de ne plus la prendre trop à cœur. Je me dis que c’est humain de se tromper, et que la plus grande erreur est souvent celle de n’avoir jamais essayé.
Comme ma langue maternelle est le suisse allemand, j’ai toujours eu beaucoup de difficulté avec l’orthographe française et les dictées. Alors je reprends mes fautes une à une, je les remets en question et je m’entraîne. »
Zusammenfassung: Pflegen wir den Fehler – er hilft uns
In der Sekundarschule Tramelan wird die Fehlerkultur nicht nur theoretisch besprochen, sondern im Alltag gelebt. Sechs Schülerinnen und Schüler berichten, wie sie mit eigenen Fehlern umgehen, daraus lernen und Schritt für Schritt Fortschritte machen, sei es im Umgang mit Sprache, Sport oder Selbstvertrauen. Sie betonen, dass Fehler Orientierung bieten: Sie zeigen, wo man noch wachsen kann. Entscheidend sei nicht, ob man sich irrt, sondern wie man reagiert – durch Selbstreflexion, Wiederholung, den Austausch mit Lehrpersonen oder Mit schülern. Aus anfänglicher Unsicherheit entstehen mit der Zeit Routinen, Lernstrategien und neue Perspektiven. Die Beiträge zeigen eindrücklich: Eine konstruktive Fehlerkultur fördert Selbstwirksamkeit, Resilienz und Lernfreude – wenn sie von Offenheit, Unterstützung und einer Kultur des Vertrauens getragen ist.
Salomé Di Nuccio
EDUCATION 2.25